Je n'ai pas l'habitude de faire des recherches à caractère personnel. J'en avais déjà faites (avec succès!) pour mon cher Otto Dreier, et donc, lorsque l'on m'a parlé d'un certain "Major-Médecin Thonon", j'ai accepté de me lancer dans une nouvelle "enquête".
Cet homme était alors un parfait inconnu. Il m'a été dit qu'il aurait travaillé aux Tramways Bruxellois durant la Seconde Guerre mondiale et qu'il aurait été anobli au titre de baron. Rien de plus.
J'ai donc commencé mes recherches auprès d'anciens de la STIB et au GACD. La réponse obtenue fut que ce Monsieur Thonon n'a en fait jamais travaillé pour les Tramways Bruxellois. Ensuite, je reçus un courriel de l'Association de la Noblesse du Royaume de
Belgique, qui me fit part du fait qu'ils ne retrouvaient aucune trace d'anoblissement
de notre Major Médecin. Bref, chou blanc sur toute la ligne. Je n'étais avancée.
Ce fut finalement une connaissance, qui travaille à l'Ecole Royale Militaire, qui m'a proposé d'aller effectuer une visite au centre de documentation du Musée de l'Armée, car le dossier de Monsieur Thonon s'y trouvait.
Voici donc ce que j'y ai appris...
Joseph
Ivo Paul Thonon est né à Huy le 16 janvier 1890. Il étudie la médecine à
l'université de Liège et est engagé comme volontaire de carrière le 12 octobre
1908, où il est affecté au service des Secours. Il passe la Première Guerre
mondiale sur le front, où il est blessé, en octobre 1914, par un éclat d’obus à
Avecapelle. Il reçoit la Croix de Guerre « pour le courage et le dévouement
dont il a fait preuve au cours de sa longue présence au front » et la
Médaille de l’Yser.
Durant
la Seconde Guerre mondiale, après la capitulation des forces armées belges, il
est mis à la disposition du Ministère des Finances. Il rejoint à nouveau les
rangs de la Défense le 5 septembre 1944, après la libération de Bruxelles.
Il est
nommé Général Major Médecin le 26 mars 1946 et reçoit la Croix de Guerre 1940
avec Palme par arrêté n°2958 du 30 septembre 1946 avec la citation
suivante :
« Commandant
le 1er Corps Médical d’Armée, a donné, en mai 1940, le plus bel
exemple de dévouement et de mépris du danger. Prit personnellement, le 24 mai
1940, à Ostende, au cours de l’incendie qui y faisait rage, la direction des
secours et l’évacuation des blessés. S’offrit spontanément pour aller à Zarren,
en dehors de son secteur, prendre la direction des soins et de l’évacuation de
nombreux blessés abandonnés. »
Il est
reconnu Résistant Armé par la Commission de Contrôle de Bruxelles I en date du
4 juillet 1947. Joseph Thonon était affilié au groupement Mouvement National
Belge auquel il apporta son soutien du 1er février 1941 au 14 octobre
1944. Il ressort du dossier administratif que « le Mouvement National Belge faisait appel à ses conseils pour
l’organisation, les renseignements confidentiels et l’admission de membres
médecins ou autres. Il prêta son concours auprès des malades ou blessés se
trouvant dans des situations difficiles vis-à-vis des Allemands. Un grand
nombre de résistants, d’insoumis, membres d’actions firent appel à lui, et son
concours fut toujours dévoué, prudent et sans aucune rémunération. Il fit
également des demandes du point de vue médical auprès des autorités allemandes
lorsque des membres du Mouvement National Belge furent arrêtés ».
Il est
pensionné le 1er avril 1949 et décède le 7 mai 1967.
Le
Major-Médecin Thonon fut hautement et particulièrement estimé, tant pour son
dévouement à la cause des invalides et veuves de guerre que pour sa compétence
toute particulière dans les questions médicales intéressant les victimes de la
guerre. Ses chroniques médicales étaient publiées dans le bulletin « L’invalide
Liégeois », ainsi que dans le « Journal des Combattants ».
Il
était l’objet de l’admiration de nombreux milieux d’anciens combattants,
invalides, veuves et résistants de par son activité durant les deux guerres et
ses soins désintéressés envers les plus humbles. C'est en hommage à cet homme que j'écris cet article, afin qu'il ne soit pas oublié.
Reposez en paix, cher Monsieur...
Je termine cet article en remerciant les nombreuses personnes qui m'ont aidée et soutenue dans mes recherches: Serge, Roland, Antoine, Alain, Marcel, Philippe, Jean-Claude, Michel, Jean-Pierre et Jean-Louis. Je tiens également à remercier l'Association de la Noblesse du Royaume de
Belgique, le Musée de l'Armée, le Musée du Transport Urbain Bruxellois ainsi que Monsieur Francotte de l'ASVI.